• Changer de perspective?

    Vous êtes sur la route depuis quelques temps déjà. Tout se passe pour le mieux : les locaux sont aussi accueillants que dans les récits que vous avez lus avant de partir, les paysages aussi somptueux que promis (même si vous avez vite compris qu’il y a un monde entre un vrai photographe et vous avec votre petit appareil photo en mode automatique !) et l’inflation du prix des Guesthouses par rapport aux dernières infos trouvées sur le web reste contenue… Le budget journalier est sauvé in extremis, ouf! Bref, votre voyage est conforme à toutes vos espérances, le pied !

    Toutes ? En y réfléchissant bien il y a quand même 2 ou 3 petites choses…
    Pour commencer le petit « village authentique » indiqué dans votre guide touristique était surtout un authentique piège à pigeons, il faut bien le dire. C’était probablement authentique il y a 2 ans lorsque le guide est sorti, mais depuis, le flux est là et le tourisme a tout massacré.
    Le soir, en rentrant à votre hébergement, vous retombez sur la grosse bande de lourdingues croisée une première fois il y a 3 semaines puis une deuxième fois il y a peine 3 jours. Ce soir, il va falloir mettre ses bouchons dans les oreilles, en espérant que ça soit suffisant pour s’endormir… Le monde est petit non ?
    Comme il n’y a que des occidentaux dans votre auberge, c’est mort pour discuter avec un local de passage qui aurait pu vous en apprendre un peu plus sur les environs.  Du coup il vous reste le choix entre visionner le film débile qui passe (avec le son à fond) dans la salle commune ou bien vous joindre au groupe en train de discuter photographie dans le fond de la salle.
    En fait de discussion il s’agit surtout d’un concours officieux où chacun se vante d’avoir LA plus belle photo DU MEGA TOP spot que tout le monde sans exception a fait il y a 3 jours (là où vous avez recroisé les lourdingues, vous vous souvenez ?).
    Le lendemain vous comptiez faire « un trek » de 4 jours mais l’idée vous parait beaucoup moins séduisante depuis que vous savez que les lourdingues le feront aussi.
    Bref, c’est décidé demain vous prenez le large à bord du premier bus pour… ah mais oui tiens, pour où ?

    Une fois installé au calme dans votre chambre dans le lit n°17 de votre dortoir (foutu budget !), vous compulsez votre guide pour trouver votre prochaine destination. Bof. Il y a des coins qui ont l’air sympas – fait corroboré par des voyageurs rencontrés dans la cuisine qui viennent justement de là – mais vous sentez grandir en vous un sentiment de lassitude à faire « un voyage indépendant » dépendant des guides touristiques.
    Tout le monde fait plus ou moins les mêmes étapes et les mêmes choses, seule la manière de procéder changeant un peu (en achetant ses billets soi-même, via une agence, etc…).
    Si on vous demandait là tout de suite, vous diriez « je veux un billet pour nul part ! » : rencontrer des gens qui ne voient pas des touristes à longueur de journée, explorer soi-même des villes, des régions, se débrouiller pour tout de A à Z. Bref, un peu d’aventure et sortir des autoroutes à Backpackers !

    Mais comment faire ? Où aller ? Le pays est si vaste ! Les autochtones ne parlent pas un mot d’anglais et n’utilisent pas l’alphabet latin : rien à attendre de ce côté. De l’autre, votre auberge n’a qu’un but : vous faire payer ses tours  – pas la peine de compter dessus pour avoir des infos fiables pour voyager tout seul.
    Il y a bien une zone qui a l’air intéressante que vous avez repéré sur google maps, mais sans même un nom de village, ça va être compliqué pour se rendre sur place.

    Vous méditez sur tous les récits de voyages déjà lus ou entendus où les protagonistes arrivent vraiment à sortir des sentiers battus sans connaitre le pays ni la langue en utilisant les transports en communs ou le stop, pour arriver à cette conclusion : ils sont vraiment forts, mais vous beaucoup moins…

    La situation n’est cependant pas aussi désespérée qu’elle semble l’être. Il suffit « juste » de changer de perspective. Et ? Et c’est tout. Allez-y par votre propre moyens, comme ça. Il y a un nom pour ce genre de déplacements : les modes de transports non motorisés. Parmi toutes ceux qui existent, nous en avons testé un : le vélo.
    Pour un coût accessible à n’importe quel voyageur, vous pouvez aller où bon vous semble. Vous arrêtez quand vous voulez. Autant de fois que vous voulez. S’il y a une piste, une route, un chemin, vous pourrez rouler librement et vous affranchir de toutes les contraintes – ou presque. Vous pourrez vous fondre dans la masse et voyager des semaines sans rencontrer d’autre touriste que vous-même.

    La lenteur – et le temps (!) – sera votre atout. Le soir, il faudra bien vous poser quelque part, manger. Ce sera dans un lieu complètement inconnu pour lequel il n’y a pas de guides. Ici commencera votre propre aventure personnelle. 
    Quand vous aurez atteint le point touristique que vous souhaitiez rejoindre, vous réaliserez que le meilleur et le plus authentique était ce qui se trouvait sur la route pour s’y rendre. Cette même route que tout le monde a pris dans un bus, sans s’arrêter. Vous saurez alors que vous venez de faire quelque chose d’unique, car cette expérience n’appartient qu’à vous seul.
    Essayez, et vous verrez. Le mal de jambes s’oublie, pas les souvenirs.

    Le vieil homme : - Pourquoi marchez-vous ?
    Nous : - Pour venir vous voir.
    Le vieil homme : - Pourquoi pas en voiture ?
    Nous : - Parce qu'on ne vous aurait pas vu"

    NB : ces quelques lignes en italique m’ont beaucoup marquées et sont tirées du livre           « Africa Trek » (traversée de l’Afrique intégralement à pieds, en 3 ans)


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 2 Octobre 2013 à 08:54

    Coucou à vous deux,

    Nous sommes Raphaëlle et Alexandre, un couple également sur les routes et on vient de découvrir votre blog en cherchant des infos sur le bus Erlian-Beijing. C'est rigolo en lisant vos lignes on se reconnait totalement et on se disait que ça valait bien le coup de laisser un commentaire.

    On est encore à Oulan Bator, las de cette ville, si vous voulez nous venons d'écrire quelques lignes là-dessus sur notre propre blog : voirailleursetc.blogspot.fr

    Nous allons continuer à regarder un peu votre blog, en tous cas cet article sur le fait de changer de perspective nous a fait plaisir à lire, on commençait à désespérer de rencontrer des gens qui pensent comme nous et qui ont la hantise de se mêler à la discussion photo de la guest house...

     

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