• Les bonnes excuses pour ne pas partir

    Mmmmoui… L’idée de partir à vélo n’est pas inintéressante vous vous dites, mais… rien que de penser partir faire 10 000km vous fatigue déjà rien que d’y penser. Et puis vous n’avez jamais voyagé à vélo avant, vous n’êtes pas très à l’aise sur une selle, vous n'êtes pas ceci et ne savez pas faire cela... Bref, vous avez une foule d’objections !

    Voyons cela…
    C’est vrai que partir sans moyens motorisés, ça fait un peu peur quand même, tous ces kilomètres à faire à la force du mollet ! Et l’on ne se sent pas forcément l’âme ou la vaillance d’un grand aventurier qui a déjà fait 5 fois le tour de la planète. Logique. Ci-dessous nous souhaitons – sans prétentions aucune – vous donner notre avis sur quelques points.

    « Je n’ai jamais fait de voyage à vélo auparavant » :
    Partir sans avoir d’expérience préalable est complètement inconscient au vu de la difficulté et de l’organisation que requiert un voyage un tant soit peu ambitieux. De manière itérative, commencez par élever progressivement le niveau de difficulté On s’en fiche ! Vous apprendrez sur le tas et ferez inévitablement quelques erreurs de débutants. Personne n’en est mort. Par contre, soyez raisonnable pour les 1ers jours et ne commencez peut être pas tout de suite par la traversée du désert de Gobi en solitaire et en autonomie…
    Après, si vous avez l’occasion de tester ou d’essayer avant, faites le quand même ! Le  «vrai » départ n’en sera que meilleur car vous serez débarrassés de quelques incertitudes matérielles, réglées lors de vos essais.
    Mais bon, il faut bien une première fois. Nous avons commencé le vélo en Chine à Chengdu (qui n’est pas la ville la plus rassurante du côté de la circulation quand on débute), pour arriver quelques jours plus tard  dans les montagnes du Yunnan avec un niveau 0 de forme physique. Ça a été dur oui. Mais on est toujours là pour écrire ce blog !

    « Mon niveau de forme actuel est comparable à celui d’une huitre » Sérieux ? Vous abusez là…
    Rien ne sert de courir, l’important est de partir à point. En vélo ça marche aussi. Commencez petitement. Peu importe si vous roulez à 10km/h. Peu importe si vous avez «seulement» fait 30km le 1er jour. N’essayez pas de copiez les autres cyclos qui ont déjà « de la caisse », vous risquez de vous dégoûter et de vous blesser.
    Vous avez fait 3h de vélo la 1ère journée ? C’est parfait. N’en faites pas plus le lendemain. Ni même le surlendemain. Ne vous sentez pas obligés par quoi que ce soit. La forme viendra avec les kilomètres. Et faites beaucoup de pauses, tant sur le vélo que de journées complètes de repos. Ce n’est pas le tour de France !
    D’ailleurs je trouve que c’est valable tout le temps. On a souvent roulé à l’économie : c’est moins fatigant – on profite plus, et à la moindre petite douleur on essayait tout de suite de se reposer, de corriger la position. SURTOUT PAS de blessure. C’est inutile de forcer pour faire 50km de plus si c’est pour avoir un repos forcé de 15 jours par la suite. Le lièvre et la tortue…
    Normalement en quelques jours vous devriez avoir franchi la barre des 100kms ! Alors, c’était si dur que ça ? Non ? Alors rien n’empêche d’en faire une centaine d’autre. Et encore une centaine d’autre. Un jour, vous verrez avec étonnement la barre des 1000kms. J’ai fait ça moi ??? Bah pour aller à 5000km ce n'est pas plus dur qu’à 1000. Si on en croit les quelques discussions que l’on a eu, si on est allé à 5000 on peut aller à 20000, il faut juste avoir le temps. Just do it!

    « Je ne suis pas très à l’aise sur un vélo » :
    C’est en forgeant que l’on devient forgeron. Au début il ne faut pas prendre de risques et y aller à sa mesure. L’important est de ne JAMAIS se faire entraîner par le vélo, surtout dans les descentes. Il est plus sûr et plus simple d’empêcher le vélo de prendre de la vitesse que de récupérer un bolide lancé à 70km/h. Mettez pied à terre si vous avez trop peur (de descendre, de traverser, etc…) Le ridicule ne tue pas, une grosse gamelle ça peut faire mal.
    Sur ce point précis, je ne peux pas ne pas vous parler d’Ariane. Ma chère et tendre épouse était lors du départ aussi à l’aise sur un vélo que moi avec son guitalélé (et croyez-moi, ce n’est pas beau à entendre). Bref, elle avait une position très crispée  qui rendait le pilotage encore plus difficile. Elle me serrait les leviers de freins à s’en faire des tendinites aux pouces (véridiques !) et surtout passait son temps à « guidonner » (aller de gauche à droite sans jamais trouver le point d’équilibre).
    Si nous avons mis autant de temps à sortir de Chengdu, c’est que l’on a fait beaucoup de passages à côté du vélo, car Ariane  avait beaucoup de mal à repartir après chaque arrêt (se mettre en appui sur la bonne pédale, pousser et monter à l’équilibre). Dans les descentes de cols (qui sont arrivées très vites après le départ), je passais beaucoup de temps à l’attendre car elle descendait à son rythme et ne dépassait jamais les 20km/h.
    En peu de temps (je dirais un bon mois), elle a fait beaucoup de progrès et a pris confiance (faut dire qu’elle avait un instructeur hors pair  !) au point que nous pouvions descendre ensemble. La même fille qui ne dépassait pas les 20km/h en descente sait maintenant prendre les virages à la corde et ne panique pas quand le compteur dépasse les 50km/h ! Son agilité en ville s’est bien développée également et j’ai fini par arrêter de me demander si elle allait pouvoir passer ici ou là sans encombre.
    Donc il ne faut pas trop s’en faire… Bon par contre mon niveau de guitalélé est toujours aussi mauvais lui !

    Je ferai un billet plus tard sur le sujet, mais j’attire votre attention sur le poids de votre chargement. Faites dans le léger et essayez de limiter le volume. Plus votre vélo sera chargé, plus ce sera difficile physiquement et moins le vélo sera contrôlable si vous êtes novice. Lorsque l’on débute, un vélo léger c’est encore plus de plaisir !

    « Je n’y connais rien en mécanique vélo » :
    Franchement, google est votre ami. Imprimez-vous quelques pages de tutoriels pour savoir comment vous dépanner sur le bord de la route. Pas la peine de savoir démonter une cassette ou un roulement avant de partir, vous l’apprendrez quand vous en aurez besoin.

    « Je ne sais pas lire une carte » :
    Et bien fixez un cap sur une boussole et prenez n’importe quelle route qui part (par exemple) vers le sud, ça vous fera toujours le poids de la carte en moins à porter !

    Voilà, ça me semble être une bonne base de départ. Pour être un peu honnête avec soi-même, je pense que c’est surtout la peur qui nous empêche d’agir, de partir, ou de faire ce que nous avons envie de faire au fond de nous. On se trouve toujours plus ou moins de bonnes excuses pour ne pas faire ceci ou ne pas faire cela.
    Au-delà de ces quelques astuces données plus haut, le vrai moteur reste l’envie. L’envie de voyager non motorisé pour ce que cela apporte, et l’envie de se confronter à soi-même. Le reste, cela me parait franchement anecdotique…
    Personnellement, je trouve que le premier coup de pédale ainsi que le 1er km sont probablement les moments les plus durs du voyage. Pour nous qui étions déjà loin de la France, nous avons à nouveau largué les amarres en commençant ce voyage à vélo. Mais cette fois ci, c’étaient les amarres intérieures,  les plus enracinées – et donc les plus dures à couper. La peur de l’inconnu, le « est-ce que je vais être capable, est-ce que je vais y arriver? ».  Il n’y a qu’en essayant que l’on peut répondre à ce genre de questions.
    Essayez, et vous verrez.

    Le courage, ce n’est pas avancer sans peur et sans trembler, mais avancer les genoux tremblants malgré la peur.


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