• Ahhhhhh, la question du vélo! Vaste débat s'il en est... Je me propose néanmoins pour apporter mon petit grain de sel sur le sujet. Sans vouloir être exhaustif, j'espère que ce billet vous sera utile.

    Pour commencer, si vous lisez ce billet installé bien confortablement dans votre canapé chez vous car vous projetez un achat pour un futur voyage, prenez le temps d'écumer les forums. Vous aurez des retours plus fournis et plus pertinents que le mien sur quel vélo prendre selon le lieu et votre pratique.

    Pour les autres, si le temps vous est "compté" et que vous compter partir dans les 72 heures, il vous faudra trancher rapidement parmis les modèles que vous avez sous la main. Il y a quelques points sur lesquels il faut faire attention, mais cela reste assez simple.

    Si vous êtes installés confortablement dans un quelconque café d'un pays occidental, le choix reste assez simple:

    • Comptez vous voyager avec votre futur vélo en dehors d'un pays occidental?
      Si oui, passez au paragraphe suivant, sinon lisez ce qui suit.
    • Point n°1: prenez un vélo qui vous va. Le pire qui puisse vous arrivez, c'est la blessure. Mal aux genoux, au dos, aux cervicales... Mieux vaut partir faire le tour du monde avec un vélo de grand mère à sa taille qu'une randonneuse trop petite. Prenez quelques minutes pour mesurer votre entrejambe et ensuite regarder sur internet ou sur les catalogues constructeurs la taille de cadre adaptée. Bref, c'est LE moment primordial, ne baclez pas ce sujet. Après, vous pourrez ajuster: potence, recul de la selle...
    • Point n°2: si vous avez trouvé un ou plusieurs vélos à votre taille, choisissez selon le reste de vos critères et allez rouler...

    Quoi? C'est tout? Ben oui! Ne vous privez pas pour aller vous renseigner et lire quelques lignes sur internet, mais cela devient vite chronophage et on en ressort avec des questions existentielles sur le choix du diamètre de roues, le nombre de pignons à avoir, moyeu rolhoff ou pas, etc... Ces questions sont certes importantes, mais surtout quand vous avez du temps pour vous renseigner et pour trancher!
    Mon avis, c'est que dans les pays occidentaux on trouve "facilement" des magasins de vélos avec les pièces qui vont bien. N'importe quel magasin aura des roues en 700 et en 26", des dérailleurs 7,8,9 ou 10 vitesses. Et s'il ne l'a pas, un autre l'aura ou pourra le commander. Bref, à moins de partir sur un "montage" vraiment exotique, il y a peu de risques du coté matériel.

    Vous ne rentrez pas dans les 2 catégories du dessus car vous lisez ce billet (à tout hasard!) dans un cyber café à Beijing rempli de chinois surexcités, fumants comme des pompiers en jouant au dernier MMORPG chinois à la mode. Il fous faire un choix rapide avant de mourir d'asphyxie par manque d'oxygène. Je sais ce que c'est, je vais essayer de faire bref! ;-)

    • Point n°1: le même que celui du dessus; prenez un vélo à votre taille! Et méfiez vous des vendeurs qui vous disent qu'il n'y a qu'a monter la selle... Si le cadre est trop court, il est trop court!
    • Point n°2: NON à l'exotisme. L'exotisme, c'est la galère assurée quand il y aura un problème sur une pièce, parce que justement personne n'en a en stock voire même ne savait pas que ça existait! De ce point découlent plusieurs règles:
      • Roues de 26", beaucoup plus répandues. Dans les petits bleds en Asie, il y a peu de roues de 700.
      • Roue libre à cassette 8 vitesses (9 et 10 trop rares)
      • Freins à patins. Pas de freins à disques! Parce que quand vous mettrez votre vélo dans un train et que vous le récupèrerez avec le disque voilé dans l'étrier, vous faites quoi? Tous les magasins vendent des vélos avec disques, mais il y en a seulement 1/10 qui possède des disques de rechange! C'est hallucinant mais c'est ainsi.
    • Dans le même registre, attention à la marque de vélo que vous achetez. Je n'ai rien contre les marques chinoises ou indiennes, mais de ce que j'ai pu voir (en Chine), tous les composants sont chinois. Donc ils ont leur popre chaine, leur propre dérailleur, leur propre cassette, c'est à coup sûr du non standard. Une fois hors du pays, bon courage pour trouver les pièces...
      Une marque de vélo que vous avez déjà vue en France est un bon point. Cela signifie que la marque est mondialement distribuée, donc que les pièces de rechange sont trouvables plus facilement.
    • Point n°3: Un bon vélo de voyage est un vélo fiable. Je préfère avoir un vélo rustique sans gardes boues et sans lumières et mettre plus de budget dans un porte bagage de qualité qu'une machine toute équipée bas de gamme.

    Et bien je pense que tout est dit! Maintenant faut aller rouler! ;-) Je me permets encore quelques remarques générales cependant.

    • Voyagez léger!!!! Contre vent et marées, je maintiendrais que voyager léger c'est plus de plaisir et plus de liberté, sur la route comme dans la tête. Ça permet surtout de soulager la mécanique et de prendre (par exemple) un porte bagage plus léger ou de moins bonne qualité (si vous êtes contraint par le budget). Forcément, 40kg de sacoches ça ne fait pas les mêmes contraintes que 10...
      Et rappelez vous, le plus léger c'est ce que l'on n'emporte pas. Si vous n'avez pas le budget, oubliez la tente en cuben à 500€, le truc bidule en titane je sais pas quoi... Relisez vous un petit roman de Jack London pour re-prendre conscience de ce que les trappeurs emportaient il y a plus d'un siècle en Alaska pour tenir des températures complètement délirantes... Si vous avez le budget, ça ne regarde que vous...
    • Quel budget faut-il consacrer au vélo?
      Depuis que j'ai rencontré des mecs avec plus de 10 000 bornes au compteur sur des vélos de supermarchés à 200€, je ne jurerais plus de rien! Personnellement la mécanique ça me gonfle vite donc j'ai tendance à prendre ce que je pense être le plus fiable quand j'ai le choix. Le prix s'oublie, la qualité reste. Mais c'est très subjectif...
    • Faites au mieux! L'industrie du cycle étant ce qu'elle est, il est difficile de trouver  un vélo combinant toutes les attentes du cyclo fauché... Par exemple, seuls les VTT bas de gamme ont encore des freins à patins. Sur le milieu de gamme, on passe aux disques mécaniques lourds et qui posent des problèmes pour trouver les pièces adéquates. Mais on a des meilleures roues et une meilleure transmission... Les freins hydrauliques se généralisant, je pressens que dans les années à venir quelques cyclos vont devoir se faire des purges de freins au milieu de nul part, ça va être sport!

    Pour finir, vous pouvez mettre tous ces "points" à la poubelle. LE TRUC que j'ai vraiment appris en voyage, c'est que c'est une erreur de croire que si vous n'avez pas tel ou tel type de matériel vous ne pouvez pas partir. Il vous le faut absolument! Un petit mensonge bien distillé par une industrie du loisir outdoor qui y trouve ses comptes...
    Ben non, c'est pas vrai. Si je devais repartir sans un kopeck, j'irais voir ma grand mère pour lui demander son vélo. Même si ses roues ne sont "pas comme il faut" et que sa géométrie n'allie pas "rendement, confort et performance". Et je partirai en jean s'il le faut, même si je dois avoir des irritations sur mon beau derrière musclé (dixit ma femme! ). Ça serait le must de l'anti performance et de l'anti confort, mais partir est la chose la plus importante.
    Et c'est un mec qui adore le matos et qui a claqué une bonne partie de son budget dedans qui vous dit ça...


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  • Allez, un encore un petit conseil si vous voyagez en couple ou à plusieurs et que vous débutez dans le voyage à vélo.

    L’idée de ce billet m’est venue en voyage suite à un mail échangé avec un ami où il me demandait sur le ton de la plaisanterie « alors, c’est qui le plus fort ?». J’ai répondu sur le même ton « moi évidemment ! », et cela m’a bien fait rire car j’ai tout de suite pensé à Mario Ramos et son livre de jeunesse « C’est moi le plus fort » que j’avais beaucoup aimé (oui, je lis les mêmes livres que les élèves de ma femme !).

    Garder l'rythme, garder l'rythme!!!

    Bref, je n’ai pas trop de gloire à tirer de cet état de fait, vu qu’un homme moyen est physiquement plus résistant qu’une femme moyenne. De cet état de fait découle cependant 2 ou 3 choses que nous voulions vous partager.

    Une spécificité, selon moi commune aux voyages non motorisés, c’est d’apprendre à gérer son rythme – et celui des autres. On a beau partager les mêmes rêves, les mêmes envies, la même démarche; nous ne sommes pas physiquement identiques ce qui implique une gestion de l’effort fondamentalement différente. Ces différences de rythmes peuvent être une source de conflit si elles ne sont pas connues et acceptées de tous : « tu ne m’attends jamais dans les montées / descentes », « tu vas trop vite », « tu t’arrêtes trop souvent », etc… Il y a suffisamment de sources de conflit dans un voyage, pas la peine d’en rajouter pour rien.

    Nous avons tous une manière différente de gérer notre effort. Certains font des petites pauses très souvent (comme Ariane, toutes les heures), d’autres préfèrent des bonnes pauses espacées dans le temps (comme moi). A forme égale, mon rythme de croisière dans les cols est légèrement supérieur (< 1km/h je pense) à celui d’Ariane. En s’arrêtant souvent, Ariane a le sentiment de repartir « à zéro » avec une nouvelle énergie. Moi, au contraire, ça me coupe les jambes et j’ai du mal à repartir (surtout quand c’est dur).

    Vouloir aller exactement au même rythme est pour moi une fausse bonne idée. Si l’on a des rythmes différents, c’est parce que l’on est différent et il n’y a pas à changer cet état de fait. Pire, je trouve cela contre-productif. A vouloir suivre l’autre à tout prix, on se fatigue dans un faux rythme qui n’est pas le nôtre. La route est déjà assez dure comme ça, inutile de rajouter des pierres dans ses sacoches !

    Par contre, il faut l'exprimer et en discuter ensemble. On peut s’adapter et composer avec les différences de chacun.
    Déjà, il est sain de ne pas stigmatiser un comportement en particulier. C’est vrai que des fois j’en avait vraiment marre qu’Ariane s’arrête tous les 3 virages de cols, mais en même temps, je n’allais pas la tracter avec un tendeur à mon porte bagage donc autant le prendre avec philosophie. De l’autre côté, Ariane faisait l’effort de grouper les tâches par arrêt : pause technique + barre de céréale + pause boisson.
    Le point le plus important est selon nous de savoir se prendre – et laisser  à l’autre – sa liberté. Dans les cols, je monte à mon rythme et Ariane décroche progressivement de ma roue. Je l’attends quand j’estime avoir atteint la distance maximum de sécurité entre nous deux (je ne lui mets pas 2km dans la vue en l’attendant au sommet). Ça varie en fonction du terrain (les cols avec des lacets sont pratiques par exemple), du climat, et de l’humeur. De son côté, Ariane sait que je ne suis pas bien loin devant et qu’en cas de problème je peux revenir vers elle en 20 secondes (et inversement si c'est moi qui me traïne derrière).
    Parfois nous roulons côte à côte, parfois l’un derrière l’autre, parfois avec 50 mètres d’écart. Des jours nous discutons beaucoup, des jours beaucoup moins. Et on ne le prend pas mal, on sait que l’autre est d’humeur songeuse et qu’il profite de sa petite bulle juste à lui. C’est aussi ça le plaisir d’être à vélo !

    Bref, ce qui est vraiment important c’est d'en discuter pour que chacun comprenne comment l’autre fonctionne. Et surtout, le ou les plus forts doivent vraiment faire preuve de patience envers le ou les plus faibles. Ce/ces dernier(s) doivent, en retour, laisser les plus forts se défouler de temps en temps, ça fait du bien !


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  • Mmmmoui… L’idée de partir à vélo n’est pas inintéressante vous vous dites, mais… rien que de penser partir faire 10 000km vous fatigue déjà rien que d’y penser. Et puis vous n’avez jamais voyagé à vélo avant, vous n’êtes pas très à l’aise sur une selle, vous n'êtes pas ceci et ne savez pas faire cela... Bref, vous avez une foule d’objections !

    Voyons cela…
    C’est vrai que partir sans moyens motorisés, ça fait un peu peur quand même, tous ces kilomètres à faire à la force du mollet ! Et l’on ne se sent pas forcément l’âme ou la vaillance d’un grand aventurier qui a déjà fait 5 fois le tour de la planète. Logique. Ci-dessous nous souhaitons – sans prétentions aucune – vous donner notre avis sur quelques points.

    « Je n’ai jamais fait de voyage à vélo auparavant » :
    Partir sans avoir d’expérience préalable est complètement inconscient au vu de la difficulté et de l’organisation que requiert un voyage un tant soit peu ambitieux. De manière itérative, commencez par élever progressivement le niveau de difficulté On s’en fiche ! Vous apprendrez sur le tas et ferez inévitablement quelques erreurs de débutants. Personne n’en est mort. Par contre, soyez raisonnable pour les 1ers jours et ne commencez peut être pas tout de suite par la traversée du désert de Gobi en solitaire et en autonomie…
    Après, si vous avez l’occasion de tester ou d’essayer avant, faites le quand même ! Le  «vrai » départ n’en sera que meilleur car vous serez débarrassés de quelques incertitudes matérielles, réglées lors de vos essais.
    Mais bon, il faut bien une première fois. Nous avons commencé le vélo en Chine à Chengdu (qui n’est pas la ville la plus rassurante du côté de la circulation quand on débute), pour arriver quelques jours plus tard  dans les montagnes du Yunnan avec un niveau 0 de forme physique. Ça a été dur oui. Mais on est toujours là pour écrire ce blog !

    « Mon niveau de forme actuel est comparable à celui d’une huitre » Sérieux ? Vous abusez là…
    Rien ne sert de courir, l’important est de partir à point. En vélo ça marche aussi. Commencez petitement. Peu importe si vous roulez à 10km/h. Peu importe si vous avez «seulement» fait 30km le 1er jour. N’essayez pas de copiez les autres cyclos qui ont déjà « de la caisse », vous risquez de vous dégoûter et de vous blesser.
    Vous avez fait 3h de vélo la 1ère journée ? C’est parfait. N’en faites pas plus le lendemain. Ni même le surlendemain. Ne vous sentez pas obligés par quoi que ce soit. La forme viendra avec les kilomètres. Et faites beaucoup de pauses, tant sur le vélo que de journées complètes de repos. Ce n’est pas le tour de France !
    D’ailleurs je trouve que c’est valable tout le temps. On a souvent roulé à l’économie : c’est moins fatigant – on profite plus, et à la moindre petite douleur on essayait tout de suite de se reposer, de corriger la position. SURTOUT PAS de blessure. C’est inutile de forcer pour faire 50km de plus si c’est pour avoir un repos forcé de 15 jours par la suite. Le lièvre et la tortue…
    Normalement en quelques jours vous devriez avoir franchi la barre des 100kms ! Alors, c’était si dur que ça ? Non ? Alors rien n’empêche d’en faire une centaine d’autre. Et encore une centaine d’autre. Un jour, vous verrez avec étonnement la barre des 1000kms. J’ai fait ça moi ??? Bah pour aller à 5000km ce n'est pas plus dur qu’à 1000. Si on en croit les quelques discussions que l’on a eu, si on est allé à 5000 on peut aller à 20000, il faut juste avoir le temps. Just do it!

    « Je ne suis pas très à l’aise sur un vélo » :
    C’est en forgeant que l’on devient forgeron. Au début il ne faut pas prendre de risques et y aller à sa mesure. L’important est de ne JAMAIS se faire entraîner par le vélo, surtout dans les descentes. Il est plus sûr et plus simple d’empêcher le vélo de prendre de la vitesse que de récupérer un bolide lancé à 70km/h. Mettez pied à terre si vous avez trop peur (de descendre, de traverser, etc…) Le ridicule ne tue pas, une grosse gamelle ça peut faire mal.
    Sur ce point précis, je ne peux pas ne pas vous parler d’Ariane. Ma chère et tendre épouse était lors du départ aussi à l’aise sur un vélo que moi avec son guitalélé (et croyez-moi, ce n’est pas beau à entendre). Bref, elle avait une position très crispée  qui rendait le pilotage encore plus difficile. Elle me serrait les leviers de freins à s’en faire des tendinites aux pouces (véridiques !) et surtout passait son temps à « guidonner » (aller de gauche à droite sans jamais trouver le point d’équilibre).
    Si nous avons mis autant de temps à sortir de Chengdu, c’est que l’on a fait beaucoup de passages à côté du vélo, car Ariane  avait beaucoup de mal à repartir après chaque arrêt (se mettre en appui sur la bonne pédale, pousser et monter à l’équilibre). Dans les descentes de cols (qui sont arrivées très vites après le départ), je passais beaucoup de temps à l’attendre car elle descendait à son rythme et ne dépassait jamais les 20km/h.
    En peu de temps (je dirais un bon mois), elle a fait beaucoup de progrès et a pris confiance (faut dire qu’elle avait un instructeur hors pair  !) au point que nous pouvions descendre ensemble. La même fille qui ne dépassait pas les 20km/h en descente sait maintenant prendre les virages à la corde et ne panique pas quand le compteur dépasse les 50km/h ! Son agilité en ville s’est bien développée également et j’ai fini par arrêter de me demander si elle allait pouvoir passer ici ou là sans encombre.
    Donc il ne faut pas trop s’en faire… Bon par contre mon niveau de guitalélé est toujours aussi mauvais lui !

    Je ferai un billet plus tard sur le sujet, mais j’attire votre attention sur le poids de votre chargement. Faites dans le léger et essayez de limiter le volume. Plus votre vélo sera chargé, plus ce sera difficile physiquement et moins le vélo sera contrôlable si vous êtes novice. Lorsque l’on débute, un vélo léger c’est encore plus de plaisir !

    « Je n’y connais rien en mécanique vélo » :
    Franchement, google est votre ami. Imprimez-vous quelques pages de tutoriels pour savoir comment vous dépanner sur le bord de la route. Pas la peine de savoir démonter une cassette ou un roulement avant de partir, vous l’apprendrez quand vous en aurez besoin.

    « Je ne sais pas lire une carte » :
    Et bien fixez un cap sur une boussole et prenez n’importe quelle route qui part (par exemple) vers le sud, ça vous fera toujours le poids de la carte en moins à porter !

    Voilà, ça me semble être une bonne base de départ. Pour être un peu honnête avec soi-même, je pense que c’est surtout la peur qui nous empêche d’agir, de partir, ou de faire ce que nous avons envie de faire au fond de nous. On se trouve toujours plus ou moins de bonnes excuses pour ne pas faire ceci ou ne pas faire cela.
    Au-delà de ces quelques astuces données plus haut, le vrai moteur reste l’envie. L’envie de voyager non motorisé pour ce que cela apporte, et l’envie de se confronter à soi-même. Le reste, cela me parait franchement anecdotique…
    Personnellement, je trouve que le premier coup de pédale ainsi que le 1er km sont probablement les moments les plus durs du voyage. Pour nous qui étions déjà loin de la France, nous avons à nouveau largué les amarres en commençant ce voyage à vélo. Mais cette fois ci, c’étaient les amarres intérieures,  les plus enracinées – et donc les plus dures à couper. La peur de l’inconnu, le « est-ce que je vais être capable, est-ce que je vais y arriver? ».  Il n’y a qu’en essayant que l’on peut répondre à ce genre de questions.
    Essayez, et vous verrez.

    Le courage, ce n’est pas avancer sans peur et sans trembler, mais avancer les genoux tremblants malgré la peur.


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  • Vous êtes sur la route depuis quelques temps déjà. Tout se passe pour le mieux : les locaux sont aussi accueillants que dans les récits que vous avez lus avant de partir, les paysages aussi somptueux que promis (même si vous avez vite compris qu’il y a un monde entre un vrai photographe et vous avec votre petit appareil photo en mode automatique !) et l’inflation du prix des Guesthouses par rapport aux dernières infos trouvées sur le web reste contenue… Le budget journalier est sauvé in extremis, ouf! Bref, votre voyage est conforme à toutes vos espérances, le pied !

    Toutes ? En y réfléchissant bien il y a quand même 2 ou 3 petites choses…
    Pour commencer le petit « village authentique » indiqué dans votre guide touristique était surtout un authentique piège à pigeons, il faut bien le dire. C’était probablement authentique il y a 2 ans lorsque le guide est sorti, mais depuis, le flux est là et le tourisme a tout massacré.
    Le soir, en rentrant à votre hébergement, vous retombez sur la grosse bande de lourdingues croisée une première fois il y a 3 semaines puis une deuxième fois il y a peine 3 jours. Ce soir, il va falloir mettre ses bouchons dans les oreilles, en espérant que ça soit suffisant pour s’endormir… Le monde est petit non ?
    Comme il n’y a que des occidentaux dans votre auberge, c’est mort pour discuter avec un local de passage qui aurait pu vous en apprendre un peu plus sur les environs.  Du coup il vous reste le choix entre visionner le film débile qui passe (avec le son à fond) dans la salle commune ou bien vous joindre au groupe en train de discuter photographie dans le fond de la salle.
    En fait de discussion il s’agit surtout d’un concours officieux où chacun se vante d’avoir LA plus belle photo DU MEGA TOP spot que tout le monde sans exception a fait il y a 3 jours (là où vous avez recroisé les lourdingues, vous vous souvenez ?).
    Le lendemain vous comptiez faire « un trek » de 4 jours mais l’idée vous parait beaucoup moins séduisante depuis que vous savez que les lourdingues le feront aussi.
    Bref, c’est décidé demain vous prenez le large à bord du premier bus pour… ah mais oui tiens, pour où ?

    Une fois installé au calme dans votre chambre dans le lit n°17 de votre dortoir (foutu budget !), vous compulsez votre guide pour trouver votre prochaine destination. Bof. Il y a des coins qui ont l’air sympas – fait corroboré par des voyageurs rencontrés dans la cuisine qui viennent justement de là – mais vous sentez grandir en vous un sentiment de lassitude à faire « un voyage indépendant » dépendant des guides touristiques.
    Tout le monde fait plus ou moins les mêmes étapes et les mêmes choses, seule la manière de procéder changeant un peu (en achetant ses billets soi-même, via une agence, etc…).
    Si on vous demandait là tout de suite, vous diriez « je veux un billet pour nul part ! » : rencontrer des gens qui ne voient pas des touristes à longueur de journée, explorer soi-même des villes, des régions, se débrouiller pour tout de A à Z. Bref, un peu d’aventure et sortir des autoroutes à Backpackers !

    Mais comment faire ? Où aller ? Le pays est si vaste ! Les autochtones ne parlent pas un mot d’anglais et n’utilisent pas l’alphabet latin : rien à attendre de ce côté. De l’autre, votre auberge n’a qu’un but : vous faire payer ses tours  – pas la peine de compter dessus pour avoir des infos fiables pour voyager tout seul.
    Il y a bien une zone qui a l’air intéressante que vous avez repéré sur google maps, mais sans même un nom de village, ça va être compliqué pour se rendre sur place.

    Vous méditez sur tous les récits de voyages déjà lus ou entendus où les protagonistes arrivent vraiment à sortir des sentiers battus sans connaitre le pays ni la langue en utilisant les transports en communs ou le stop, pour arriver à cette conclusion : ils sont vraiment forts, mais vous beaucoup moins…

    La situation n’est cependant pas aussi désespérée qu’elle semble l’être. Il suffit « juste » de changer de perspective. Et ? Et c’est tout. Allez-y par votre propre moyens, comme ça. Il y a un nom pour ce genre de déplacements : les modes de transports non motorisés. Parmi toutes ceux qui existent, nous en avons testé un : le vélo.
    Pour un coût accessible à n’importe quel voyageur, vous pouvez aller où bon vous semble. Vous arrêtez quand vous voulez. Autant de fois que vous voulez. S’il y a une piste, une route, un chemin, vous pourrez rouler librement et vous affranchir de toutes les contraintes – ou presque. Vous pourrez vous fondre dans la masse et voyager des semaines sans rencontrer d’autre touriste que vous-même.

    La lenteur – et le temps (!) – sera votre atout. Le soir, il faudra bien vous poser quelque part, manger. Ce sera dans un lieu complètement inconnu pour lequel il n’y a pas de guides. Ici commencera votre propre aventure personnelle. 
    Quand vous aurez atteint le point touristique que vous souhaitiez rejoindre, vous réaliserez que le meilleur et le plus authentique était ce qui se trouvait sur la route pour s’y rendre. Cette même route que tout le monde a pris dans un bus, sans s’arrêter. Vous saurez alors que vous venez de faire quelque chose d’unique, car cette expérience n’appartient qu’à vous seul.
    Essayez, et vous verrez. Le mal de jambes s’oublie, pas les souvenirs.

    Le vieil homme : - Pourquoi marchez-vous ?
    Nous : - Pour venir vous voir.
    Le vieil homme : - Pourquoi pas en voiture ?
    Nous : - Parce qu'on ne vous aurait pas vu"

    NB : ces quelques lignes en italique m’ont beaucoup marquées et sont tirées du livre           « Africa Trek » (traversée de l’Afrique intégralement à pieds, en 3 ans)


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